BATXIBAC

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ACTIVITÉS : TABLEAUX PARISIENS



L'esthétique moderne de Baudelaire repose sur l'irruption de l'horreur ou de l'étrange dans sa poésie



Cherche dans les Tableaux parisiens quelques vers qui illustrent les thèmes suivants : 

 

       les figures disgraciées ou provocantes des passants :
      

  • l'architecture transformée de la ville :
  • sa fascination pour les lieux :
  • sa fascination pour les êtres mystérieux et angoissants, les êtres séduisants par la difformité de leur corps, le mystère de leur déchéance    ( les Sept Vieillards, les Petites Vieilles, À une mendiante rousse, Les Aveugles )
  • l'émotion foudroyante des chocs qui déclenche le pouvoir visionnaire de l'imaginaire ou du rêve : ( À une passante, Le Squelette laboureur )
  • le recours à l'onirique : ( Rêve parisien )
     

     


A UNE PASSANTE


                                 
AUDIO


                       À une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit! - fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!




COMPRÉHENSION

1. Cherche des éléments qui évoquent le décor de la ville : quelle impression se dégage de ces éléments ?


2. Dans la première strophe relève les verbes de mouvement qui font entrer la femme dans ce décor puis dis brièvement l'effet que produit cette apparition sur le poète 



3. Dans la deuxième strophe, cherche une métaphore qui évoque un fort contraste entre agilité et raideur


4. Relève les mots qui expriment l'admiration du poète pour le corps de la femme


5. Au vers 8, relève le contraste de sentiments qu'exprime le poète, reformule cette contradiction avec tes propres mots



EXPRESSION

1. Montre l'intensité du coup de foudre et le caractère inattendu de la rencontre.

2. Montre le désordre émotionnel que provoque cette rencontre et le désespoir de la séparation

3. Analyse le sentiment du tragique qui se dégage du dernier vers


SUJET DE RÉFLEXION : Un sonnet comme À une passante, un vers comme le dernier vers ne pourraient absolument naître, ni être sentis, dans une vie de village ou de petite ville. Ils ne peuvent éclore que dans le milieu d'une grande capitale, où les hommes vivent ensemble, l'un à l'autre étrangers et l'un près de l'autre voyageur. Et, de toutes les capitales, Paris seul les produira comme un fruit naturel. Ce regard échangé avec une passante, cette étincelle rapide du pavé parisien est une expérience unique. Ce regard qu'on a cru d'abord si dénué et si éphémère, à des millions de regards pareils qui donnent à cette soirée d'été sa substance humaine et sa lumière intelligente, le faire aller vers la vie avec une âme pour un instant libérée, équilibrée, et qui sait mieux.

Lecture analytique batxibac.sitego.fr/lecture-analytique--une-passante-.html



LE SERVANTE AU GRAND COEUR

AUDIO

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse 


La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse, 
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, 
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. 
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, 
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, 
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres, 
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, 
À dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps, 
Tandis que, dévorés de noires songeries, 
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries, 
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver, 
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver 
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille 
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille. 
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir, 
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir, 
Si, par une nuit bleue et froide de décembre, 
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre, 
Grave, et venant du fond de son lit éternel 
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel, 
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, 
 
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse? 

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COMPRÉHENSION

1.  Dans le portrait que le poète dresse de la servante, cite des éléments qui évoquent sa générosité, sa vigilance et sa grande tendresse 


2.  Dans ce poème Baudelaire dénonce l'ingratitude de sa mère à l'égard de cette servante aimante, cherche un vers qui illustre l'attitude de la mère


3.  Relève le champ lexical de la souffrance : qui sont les êtres ainsi décrits ? 





EXPRESSION

1.  En t'appuyant sur la biographie de Baudelaire, essaye d'interpréter les reproches que Baudelaire peut faire à sa mère

2.  Analyse l'obsession du poète à l'égard de la mort : comment sont décrits les morts dans ce poème ? Compare le portrait des morts avec celui qui est fait des vivants

 
 
 


LES PETITES VIEILLES

                      LES PETITES VIEILLES


à Victor Hugo 

                                 I

Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales,
Des êtres singuliers, décrépits et charmants.

Ces monstres disloqués furent jadis des femmes,
Eponine ou Laïs! monstres brisés, bossus
Ou tordus, aimons-les! ce sont encor des âmes.
Sous des jupons troués et sous de froids tissus

Ils rampent, flagellés par les bises iniques,
Frémissant au fracas roulant des omnibus,
Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,
Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus;

Ils trottent, tout pareils à des marionnettes;
Se traînent, comme font les animaux blessés,
Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes
Où se pend un Démon sans pitié! tout cassés

Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille,
Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit;
Ils ont les yeux divins de la petite fille
Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit.

- Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles
Sont presque aussi petits que celui d'un enfant?
La Mort savante met dans ces bières pareilles
Un symbole d'un goût bizarre et captivant,

Et lorsque j'entrevois un fantôme débile
Traversant de Paris le fourmillant tableau,
Il me semble toujours que cet être fragile
S'en va tout doucement vers un nouveau berceau;

À moins que, méditant sur la géométrie,
Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords,
Combien de fois il faut que l'ouvrier varie
La forme d'une boîte où l'on met tous ces corps.

- Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes,
Des creusets qu'un métal refroidi pailleta...
Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmes
Pour celui que l'austère Infortune allaita! 

                               II
De Frascati défunt Vestale enamourée;
Prêtresse de Thalie, hélas! dont le souffleur
Enterré sait le nom; célèbre Évaporée
Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur,

Toutes m'enivrent! mais parmi ces êtres frêles
Il en est qui, faisant de la douleur un miel,
Ont dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes:
Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel!

L'une, par sa patrie au malheur exercée,
L'autre, que son époux surchargea de douleurs,
L'autre, par son enfant Madone transpercée,
Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs! 

                                 III
Ah! que j'en ai suivi de ces petites vieilles!
Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombant
Ensanglante le ciel de blessures vermeilles,
Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc,

Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,
Versent quelque héroïsme au coeur des citadins.

Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle,
Humait avidement ce chant vif et guerrier;
Son oeil parfois s'ouvrait comme l'oeil d'un vieil aigle;
Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier! 

                                IV
Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes,
À travers le chaos des vivantes cités,
Mères au coeur saignant, courtisanes ou saintes,
Dont autrefois les noms par tous étaient cités.

Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire,
Nul ne vous reconnaît! un ivrogne incivil
Vous insulte en passant d'un amour dérisoire;
Sur vos talons gambade un enfant lâche et vil.

Honteuses d'exister, ombres ratatinées,
Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs;
Et nul ne vous salue, étranges destinées!
Débris d'humanité pour l'éternité mûrs!

Mais moi, moi qui de loin tendrement vous surveille,
L'oeil inquiet, fixé sur vos pas incertains,
Tout comme si j'étais votre père, ô merveille!
Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins:

Je vois s'épanouir vos passions novices;
Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus;
Mon coeur multiplié jouit de tous vos vices!
Mon âme resplendit de toutes vos vertus!

Ruines! ma famille! ô cerveaux congénères!
Je vous fais chaque soir un solennel adieu!
Où serez-vous demain, Eves octogénaires,
Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu?





COMPRÉHENSION

1. Cherche des éléments qui évoquent la ville


2. Le poète est le scrutateur de la modernité, il est fasciné par toutes les formes de beauté nouvelle. Cite un vers qui monte qu'il observe et cherche des êtres différents


3. Relève le champ lexical de l'étrange et montre la prédilection de Baudelaire pour le monstrueux et l'horrible


4. Relève des groupements de mots qui illustrent la fascination de Baudelaire pour les contrastes : les apparitions fantastiques et grotesques, effrayantes et envoûtantes


5. Que ressent le poète pour ces vieilles femmes ? Justifie ta réponse en t'appuyant sur des éléments du poème


EXPRESSION

1. Analyse les procédes de l'écriture au service d'une nouvelle représentation du beau : une écriture aux rythmes heurtés, aux nombreuses coupes irrégulières, qui pratique l'enjambement d'un vers à l'autre, d'une strophe à l'autre

2. Analyse la modernité de Baudelaire, la poésie ici n'est plus obsédée par le “moi” et n'est pas non plus l'éloge d'une perfection conventionnelle Montre comment l'évocation d'une réalité pathétique et nouvelle sert de tremplin à la création

3. Montre l'effort de métamorphose sur le réel que veut effectuer Baudelaire, commente ses visions, ses hallucinations



A UNE MENDIANTE ROUSSE

   A une mendiante rousse

Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,

Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.

Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.

Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons ;

En place de bas troués,
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor ;

Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;

Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,

Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,

Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,

Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Épieraient pour le déduit
Ton frais réduit !

Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois !

- Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Véfour
De carrefour ;

Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh ! pardon !
Te faire don.

Va donc ! sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,
Ô ma beauté ! 



EXPRESSION ÉCRITE

Publié par Baudelaire en 1861 dans la section des « Tableaux Parisiens » des Fleurs du Mal, le poème « A Une Mendiante Rousse » s'inscrit dans la perspective générale du recueil : assigner à la poésie le pouvoir de saisir la beauté sous « les haillons de la misère ».
Ce long poème de quatorze strophes en heptasyllabes dont les strophes se terminent par un vers pair de quatre syllabes s'adresse directement à la jeune fille dont il fait l'éloge.

Comment Baudelaire fait-il pour rendre cette mendiante d'une rare beauté ?
Quelle fonction de la poésie nous expose t il ?

Essaye de suivre le plan suivant et de développer ton expression. La structure générale du poème, comme nous allons le voir, est divisée en trois parties : l'évocation de la mendiante, le rapprochement entre sa beauté et sa pauvreté, et, enfin, un retour brusque à la réalité.


I   -  Nous allons, dans un premier temps, nous demander comment Baudelaire nous propose un éloge paradoxal de la jeune femme dans la mesure où il chante la beauté d'une mendiante.
II  -  Nous verrons ensuite la valeur de la « pause » que marque Baudelaire au cours de sa description.
III -  Enfin, nous étudierons le brusque retour à la réalité




EXPRESSION ÉCRITE

                        Le cygne

à Victor Hugo.
I
Andromaque, je pense à vous! ce petit fleuve,
Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
L'immense majesté de vos douleurs de veuve,
Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,

A fécondé soudain ma mémoire fertile,
Comme je traversais le nouveau Carrousel.
Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville
Change plus vite, hélas! que le coeur d'un mortel);

Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques,
Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts,
Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques,
Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus.

Là s'étalait jadis une ménagerie;
Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux
Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie
Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux,

Un cygne qui s'était évadé de sa cage,
Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec,
Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage.
Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec

Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre,
Et disait, le coeur plein de son beau lac natal:
"Eau, quand donc pleuvras-tu? quand tonneras-tu, foudre?"
Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,

Vers le ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide,
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tête avide,
Comme s'il adressait des reproches à Dieu!



A l'époque à laquelle le poème Le Cygne est écrit, Paris est transformé par le baron Haussmann. Il s'agit d'un poème en deux parties, treize quatrains d'alexandrins en rimes croisées. Il possède une structure en miroir : les mêmes éléments sont repris dans l'ordre inverse, on commence avec Andromaque et on finit avec elle. Les allégories priment dans ce poème : Baudelaire fait appel à son imagination et à des souvenirs, des références littéraires. Le poème est dédié à Victor Hugo : à cette époque, il est exilé.

On sait à quel point « la fréquentation des villes énormes » constitue une des sources favorites de Baudelaire. Il se fait le peintre de la modernité urbaine. Le spectacle du Paris des années 1860 est l'occasion pour le poète de se laisser aller au souvenir du vieux Paris. Ce poème s'inscrit donc sous le signe de l'évocation mélancolique du passé.

Lecture analytique du poème LE CYGNE :
batxibac.sitego.fr/analyse-le-cygne.html


EXERCICE D'EXPRESSION ÉCRITE :

Essaye de construire un essai en respectant le plan suivant :

Dans un premier temps, nous montrerons comment le souvenir se définit comme le ressort de la création poétique. Nous montrerons ensuite comment l'ensemble du poème s'inscrit sous le signe de la souffrance.
 

Le souvenir, ressort de la création poétique
  1. La ville catalyseur de la mémoire
  2. Tonalité lyrique
  3. Trois personnages en quête de passé

Sous le signe de la souffrance
  1. L'exil
  2. Le cygne, mythe fatal



ESSAI

A partir de votre étude des Tableaux parisiens, montrez comment Baudelaire a voulu rendre sensible ce qu'il y a d'éternel dans le spectacle toujours changeant que Paris met en scène.

ESSAI

Quelle vision de Paris nous offre Baudelaire dans les Tableaux parisiens ? Appuyez votre réflexion sur des exemples précis.



ESSAI

Baudelaire a dit à l'occasion de l'Exposition universelle de 1855 : " Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, insconsciente et que c'est cette bizarrerie qui fait le Beau. C'est son immatriculation, sa caractéristique. Renversez la proposition, et tâchez de concevoir un beau banal !"

Vous analyserez cette définition du beau donnée par Baudelaire et vous montrerez en quoi Les Tableaux parisiens permettent de bien la comprendre.


ESSAI

En s'opposant à des théories plus classiques, Baudelaire ouvre ainsi la voie à l'esthétique moderne. Montrez la modernité des Tableaux parisiens.

ESSAI

Dans la section Les Tableaux parisiens, extraits du recueil Les fleurs du Mal, quels sont les sujets de prédilection de Baudelaire ?

ESSAI

"La première motivation que nous découvrons à la poésie de Baudelaire, c'est l'implacable nécessité de trouver du nouveau." Dis en quoi cette affirmation illustre l'apport poétique de Baudelaire.

SUJET DE RÉFLEXION

Insensiblement la mythologie classique devient une mythologie toute personnelle; la symbolique, pour reprendre la distinction de Lloyd James Austin (L'Univers poétique de Baudelaire. Symbolisme et symbolique ) le cède à un symbolisme; les correspondances ne sont plus univoques, inversables, le Cygne l'emporte sur Andromaque, les petites vieilles, spectacle quotidien, prennent une dimension héroïque. Naît une poésie que l'on croyait claire, classique, et qui a l'obscurité de toute vraie poésie qui ne veut pas conceptualiser, mais suggérer.

SUJET DE RÉFLEXION

Ni classique, ni romantique, Baudelaire a tout concilié, en restant toujours lui-même.


SUJET DE RÉFLEXION

Tout était pris dans le domaine de la poésie. Lamartine avait pris les cieux, Victor Hugo avait pris la terre et plus que la terre. Laprade avait pris les forêts. Musset avait pris la passion et l'orgie éblouissante. D'autres avaient pris le foyer, la vie rurale, etc. Théophile Gautier avait pris l'Espagne et ses hautes couleurs. Que restait-il ? Ce que Baudelaire a pris. Il y a été comme forcé. Dans un projet de préface des Fleurs du mal, Baudelaire écrit : "Des poëtes illustres s'étaient partagés depuis longtemps les provinces les plus fleuries du domaine poëtique. Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire la beauté du Mal."
À partir de tes connaissances sur les courants esthétiques du XIXe siècle, montre la nécessité de Baudelaire de découvrir du nouveau.


SUJET DE RÉFLEXION

Baudelaire n'est pas de ceux qui, comme Rimbaud, injurient la Beauté. Son oeuvre présente un très rare et curieux alliage - un alliage "bizarre", doit-on dire en se rappelant la formule de 1855 : "Le beau est toujours bizarre" - de respect et d'audace, de tradition et d'innovation, de thèmes modernes et de formes anciennes. Baudelaire est celui qui regarde vers le passé et vers l'avenir; celui qui transmet les valeurs anciennes aux générations nouvelles, qui transmue le passé en présent et en futur; le dernier classique et tout à la fois le premier moderne.
À partir de votre lecture des Tableaux parisiens, montrez la part de tradition et d'innovation de la poésie de Baudelaire.